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Le piège du carnet de croquis : interview de Remy Brenot

- Ecrit par Aurore Vartanian

« Un carnet de croquis n’est pas une oeuvre d’art »

Nous avons interviewé Rémy Brenot, professeur depuis 20 ans dans diverses écoles d’art françaises. Expert en dessin, storyboard et animation 2D, il nous parle de sa vision du carnet de croquis, et pourquoi il est néfaste de le considérer comme une oeuvre d’art en soi.

Il estime que les carnets de croquis et dessins sont des objets très intéressants : souvent employés comme journaux intimes, ils se remplissent de croquis, de dessins, d’idées, de photos, de tickets de train, de cartes de visite… Ils deviennent alors des témoins de la vie quotidienne et des supports mémoriels précieux. Cependant, ces carnets peuvent aussi devenir des pièges d’une certaine manière : d’un côté, l’abondance de carnets, des objets souvent beaux et attrayants, peut être intimidante : lorsque l’on achète un carnet de qualité, l’idée de le remplir à la hauteur de la valeur que l’on donne à l’objet, peut provoquer un blocage. Parfois, après avoir raté un dessin, il a remarqué que certains étudiants abandonnaient le carnet, se sentant incapables de produire l’œuvre d’art espérée. Ce phénomène peut créer un véritable blocage psychologique.

« Parfois, certains montrent ce qu’ils ont réussi et arrivent à faire que chaque page est réussie, mais en oubliant de montrer les heures de travail et les échecs qui ont précédé »

Pour lui, le carnet a deux finalités essentielles : c’est un outil créatif et un complément de mémoire. En effet, il permet de capturer des moments fugaces et de se rappeler de situations et de gestes particuliers. Car faire appel à sa propre expérience est évidemment plus enrichissant que de copier. Pour cela, le carnet offre la possibilité de noter des détails particuliers de manière rapide et efficace.

 

 

Pour Rémy, le carnet est un outil polyvalent qui permet non seulement d’esquisser des storyboards et de concevoir des séquences, mais aussi d’explorer des mouvements de caméra spécifiques et de prendre des notes lors de réunions de travail. Toutes notes pouvant être précieuses pour développer sa réflexion. La deuxième utilité du carnet réside dans la recherche de formes. Plutôt que de se précipiter sur Internet ou ailleurs, on peut y développer des idées et des formes nouvelles, faire des essais, des tâtonnements, et reprendre quelque chose pour l’améliorer. Cela peut devenir une référence précieuse pour des projets futurs.

 « Il est plus intéressant de faire appel à sa propre expérience plutôt que de partir sur une espèce de cliché ou un archétype pour lequel on va trouver des références photos ou parfois même pire, une illustration qui est déjà faite, et penser que ça correspond à ce qu’on a envie de faire »

Aussi, Rémy considère que cette « injonction » plus ou moins consciente, à produire un carnet de croquis « parfait », un objet rempli uniquement de dessins réussis et d’éléments aboutis, peut être un frein au process créatif. Aussi voit-il le carnet de croquis plutôt comme un outil de recherche, un supplément de mémoire, un outil qui aide à la fois à se rappeler et à développer des idées et non pas une œuvre d’art en soi.

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à propos de Rémy brenot

Expert en dessin, storyboard et animation 2D, professeur depuis 20 ans dans diverses écoles d’art renommées françaises et internationales dont Les Gobelins, Rémy est aujourd’hui enseignant et superviseur de la filière 2D au sein du campus ARTFX Montpellier.

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